WINSLOW • Eleann Quinn

Eleann Quinn Winslow

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Eleann

Quinn

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26th November 1988,
Mercy Hospital, London

« Félicitations ! Vous êtes désormais les heureux parents d’une magnifique petite fille ! »

Les pleurs de joie avaient remplacé les cris de douleur et d’effort. Un sourire s’épanouissait sur les visages des deux jeunes parents qui venaient de mettre au monde leur premier enfant. Mareann & Eliott Winslow n’avaient pas vraiment prévu cet évènement qui ne devait arriver que bien plus tard dans leurs projets mais finalement, au fil des mois, ils s’étaient fait à l’idée de voir leur quotidien chambouler par l’arrivée de ce petit bout de chou.

« Nous ne nous sommes toujours pas décidés pour le prénom… »
« Tu penses quoi de Eleann ? Un mélange entre Mareann et Eliott. »
« C’est splendide chérie, ce prénom lui va a ravir. Cette petite fille deviendra une femme resplendissante et elle fera de grande choses j’en suis certain. »

Mr & Mme Winslow fixaient leur enfant, le regard émerveillé, tous deux respirant la joie, le bonheur, la fierté mais également la peur. Ils avaient pourtant tout prévu. En neuf mois ils avaient écumés les boutiques premier âge, lu tous les livres traitant de la question et même inscrit leur enfant dans une maternelle réputée où il fallait mettre son enfant en liste d’attente dès sa naissance. Ils n’étaient pas riches, loin de là, mais ils voulaient ce qu’il y avait de mieux pour leur enfant. Ils étaient prêts à tous les sacrifices pour ça.

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10th May 1993,
Domicile des Winslow, London

« Pour l’amour du ciel Leann, veux-tu bien arrêter de courir dans toute la maison s’il te plait ? »
« Je cous pas m’man je danse ! Regarde ! »
« Leaaaan ça suffit maintenant, tu vas t’asseoir sur le canapé et tu ne bouges plus ! »
« Mais p’paaaaaa ! Regarde je fais des entrechats ! »
« Des quoi ? Oh et puis zut ! Arrête donc tes idioties et va t’asseoir ! Tout de suite ! »

La petite fille de cinq ans stoppa net dans sa représentation et fila dardar s’enfoncer dans le canapé en cuir du salon. La tête dans les épaules elle ne décroche pas un seul sourire à sa mère quand celle-ci passa devant elle. Oui elle boudait. Ses parents l’empêchaient toujours de danser.

« M’man, elle vient quand Kelhsey ? »
« Je ne sais pas chérie. Peut-être demain. »
« Pas aujourd’hui ? »
« Non mon cœur, aujourd’hui il y a juste sa maman qui vient. »
« Pourquoi ? »
« Arrête donc de poser des questions et bois ton chocolat chaud. »
« Mais c’est pas du juste toi tu as le droit de voir ta meilleure copine et pas moi ? »
« Tu as raison c’est pas juste, mais tout n’est pas toujours juste dans la vie Eleann tu t’en rendras compte bien assez vite. »
« Pourquoi tu dis ça maman ? Moi je suis sûre que si les gens sont gentils tout sera juste dans le monde. »
« Bien sûr chérie… »
« Alors, Kelhsey elle peut venir me voir ? »
« Je vais voir ça mon ange. »
« Merci maman t’es la plus gentille du monde. »
« Et toi la plus adorable des petites filles. »
« Comment tu le sais tu n’as que moi. »
« J’en suis sûre c’est tout. Ce sont des choses que l’on sait au plus profond de nous. »
« Ah oui je connais ça. C’est comme quand je sais au fond de moi que j’aime Tinkerbell mon nounours ? »
« Oui c’est ça ma puce, exactement. »
« Aaaaaah… »

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30th August 2002,
Domicile des Winslow, London

« Papa, maman, j’ai une nouvelle importante à vous annoncer. »

Eleann Quinn Winslow, quatorze ans, jolie brunette aux yeux emplis de malice se planta devant ses parents dans le grand salon familial. Un nœud lui nouait l’estomac depuis maintenant quelques heures. La veille elle avait reçu un appel de l’Opéra de Londres qui lui offrait une place parmi la troupe permanente de danseuses. Elle y prenait déjà des cours depuis une dizaine d’années mais seulement deux ou trois soirs par semaines. Elle connaissait l’avis de ses parents sur la question et c’est pour cette raison qu’elle redoutait tant leur réaction. Leann était consciente de la chance qu’elle avait d’avoir été accepté pour une formation continue. Elle connaissait également les enjeux, les sacrifices qu’elle allait devoir faire et les efforts qu’elle devrait fournir mais ça ne lui faisait pas peur. Du haut de son mètre soixante-cinq et de ses quatorze premières années elle était déterminée à faire de la danse sa vie. Prenant une grande respiration elle fixa un instant ses parents qui avaient eux aussi posé leur regard sur elle.

« Voilà… Fum… L’Opéra a appelé hier après-midi… Ils me proposent de rejoindre leur programme de formation continue. C’est une formation très reconnue et dont les places sont très convoitées, je… »
« Qu’est-ce que ça signifie Leann ? »
« Je viens de le dire maman, je… »
« Je connais le programme dont tu me parles, il est destiné aux filles voulant devenir ballerines. Je veux dire, qui veulent en faire le métier. »
« Je sais oui. »
« Mais ce n’est pas ton cas Eli ? Tu as de meilleures perpectives d’avenir non ? De plus grandes ambitions que de te donner en spectacle toute ta vie, je me trompe ? »
« Papa, je… NON ! Vous savez que mon rêve est de devenir étoile. Vous le savez depuis que je suis toute petite. A quoi vous pensiez, hein ? Vous vouliez faire de moi une petite élève modèle qui rejoindrait une grande université ? Je ne le veux pas, je ne peux pas. J’aime la danse, c’est toute ma vie ! »
« Leann ! Arrête de dire de telles sotise. Devenir étoile est une rêve de gamine rien de plus. Tu as les capacités pour accomplir de grandes choses, tu…»
« Mais si ce n’est pas ce que je veux faire maman ? Si mon réel désir c’est de danser ? C’est un métier, il faut vous rentrer ça dans le crâne. La danse n’est pas qu’une distraction. C’est une discipline qui demande des efforts, de la rigueur… Je ne prend pas ça à la légère ! »
« C’est là ton plus grand désir ? Ton choix est irrévocable ? »
« Oui Papa, je ne changerai pas d’avis. Je veux intégrer ce programme. »
« Très bien, si telle est ta décision nous l’acceptons. »
« Eliott ! »
« Oh Papa ! Merci, merci, mer… »
« Je n’en ai pas terminé jeune fille. Tu veux danser ? Très bien ! Tu veux gâcher ton avenir en rejoignant ce programme ? Parfait. Mais ne compte pas sur nous pour te regarder bousiller ta vie de la sorte. Si tu entres dans ce programme tu le ferras seul. Tu ne remettra pas les pieds ici. »
« Qu… QUOI ? »
« Tu as bien entendu ton père Eli. Si tu intègres cette école à plein temps tu devras également vivre là bas. Ils ont un internant non ? »
« Oui mais… »
« Il n’y a pas de mais qui tienne. C’est à toi de faire un choix maintenant. »
« Je n’en reviens pas ! Vraiment… Vous… Le faite même d’imposer un tel choix à votre fille devrait vous faire vomir. Vous devriez avoir honte ! Il est clair que je n’ai plus rien à faire ici ! Vous vous en mordrez forcément les doigts un jour, moi non ! »

Furibonde, profondément blessé, les larmes aux bords des yeux, la jeune femme se mordit rageusement l’intérieur des joues. Elle n’allait pas pleurer maintenant. Ce serait leur octroyer la victoire et ce n’était pas ce qu’elle voulait. Quittant la pièce le plus dignement possible elle passa le reste de la journée à empaqueter ses quelques affaires. Le soir même elle avait rejoint l’Opéra. Expliquant la situation à Mlle Fawforth elle fut admise en tant que pensionnaire et plongea avidement dans sa nouvelle vie.